Vous arrive-t-il de passer trop de temps à trouver l’angle parfait pour rédiger un simple courriel? À étudier, dans ses moindres détails, un tableau ou une présentation visuelle pour vous assurer d’une réponse parfaite aux attentes? En bref, à en faire toujours plus que le client en demande? Si oui, vous cochez probablement plusieurs cases du perfectionnisme. 😊Et vous entretenez la croyance que cet engagement démontre votre dévouement à votre travail. Si tel est le cas, sachez que vous n’êtes pas seul.e. Imaginez… près de 53 % des chefs d’entreprise croient, encore aujourd’hui, qu’il s’agit d’une compétence clé et recherchée. Et, nous associons souvent le perfectionnisme au dévouement et à la qualité du travail.
Mais dans les faits, il y existe une différence fondamentale entre les deux. Le dévouement au travail repose sur l’engagement à atteindre des objectifs. Alors que le perfectionnisme s’ancre dans une quête incessante de contrôle qui peut, paradoxalement, nuire à la productivité… et à notre bien-être. Il peut aussi s’accompagner d’une faible estime de soi et de confiance en soi. Et, certaines personnalités sont plus susceptibles d’être plus perfectionnistes que les autres. À force de vouloir tout maîtriser, ce n’est pas seulement notre temps qui y passe, mais notre énergie vitale.
Dans cet article, je vous propose de décortiquer le perfectionnisme pour mieux comprendre ce qui l’alimente et trouver le juste équilibre pour vous.
Ce qu’est le perfectionnisme
Le perfectionnisme, bien qu’il puisse sembler motivé par une quête d’excellence et de rigueur, est souvent enraciné dans des mécanismes de défense psychologiques. Ces mécanismes sont des moyens inconscients que nous utilisons pour nous protéger contre des expériences désagréables ou des émotions douloureuses: peur de l’échec, syndrome de l’imposteur, insécurité, jugement des autres, etc. D’ailleurs, comme l’explique Brené Brown, « lorsque le perfectionnisme est notre moteur, la honte est au volant et la peur est le passager qui critique chaque geste ». Une vérité qui résonne, non?
Ce perfectionnisme nous donne alors l’illusion d’un meilleur contrôle. Mais cette illusion peut rapidement glisser vers la microgestion. Ou devenir un soustracteur de temps important et devenir une source de stress pour vous comme pour votre équipe. Les délais s’allongent à cause d’analyses excessives, et la créativité se retrouve étouffée sous le poids de l’exigence. En bref, vous vous investissez au mauvais endroit. Au lieu d’avancer, on finit par stagner… et entamer, jour après jour, le réservoir d’énergie individuel et collectif, au détriment de la performance à long terme.
Mais, le perfectionnisme peut aussi s’avérer une valeur ajoutée, voire un avantage qui vous démarque. Certaines personnalités possèdent cet atout, il en revient à eux de bien l’exploiter. Il suffit de trouver le juste équilibre entre bien faire et trop en faire. Prenons l’exemple d’un chirurgien. Son perfectionnisme sauve des vies, c’est là où il doit concentrer toutes ses énergies. Travailler à rédiger le courriel parfait serait mal utiliser son temps. L’exemple est un peu tiré par les cheveux, mais vous voyez bien la nuance.
Notre énergie : un bien à préserver
Comme tout trait de caractère, s’il n’est pas maîtrisé, le perfectionnisme peut finir par nous desservir. Il peut même saper votre énergie ou celle de votre entourage. Une équipe me partageait sa frustration quant aux longs, très longs courriels, qu’ils reçoivent de leur gestionnaire. Ils ajoutent qu’ils ne les lisent tout simplement plus. Le gestionnaire, qui comprend mal pourquoi personne ne semble s’intéresser à sa correspondance, a pour réflexe d’ajouter encore plus d’information à ses messages afin de susciter enfin l’attention de ses collaborateurs. Il y investit tout son temps. Et, il s’agit d’un fait réel!!
Avant toute chose, une question importante et toute simple à se poser est donc: comment mettre mon énergie au bon endroit? Qu’est-ce qui est le plus important, profitable, efficace et efficient, pour moi et pour mon entourage? Où dois-je m’investir?
Pour ce gestionnaire, il s’est rendu compte que ses collaborateurs sont des personnalités à dominance rouge qui carburent à des messages concis. En même temps, son équipe réclame son attention et son coaching dans différents projets; c’est là qu’il doit s’investir. C’est aussi là où il trouve son bonheur! Bingo!
Préserver son capital énergétique et celui de son entourage est essentiel. Prendre le temps d’observer où l’on investit son temps est fondamental. Un autre exemple, prenons un professionnel en ressources humaines qui possède une personnalité forte sur le plan humain. Est-il réellement bénéfique d’accorder tout son temps d’antenne à certaines personnes qui viennent vider leur poubelle émotionnelle? Ou encore, ne serait-il pas plus profitable de les outiller pour grandir de leurs difficiles expériences? En termes simples, de ne pas prendre leurs petits singes mais les amener à apprivoiser ces petites bêtes eux-mêmes? Le perfectionnisme peut transformer des tâches normales en sources de tension, ou en un levier de réussite. À vous de choisir.
Quelques clés pour surmonter le besoin de perfection
Fort heureusement, il existe des moyens de tourner à votre avantage le perfectionnisme. En voici quelques-uns que vous pouvez mettre en pratique dès aujourd’hui.
Maîtriser la bête: Comme tous nos traits de caractère, le perfectionnisme peut se transformer en un véritable superpouvoir. Il suffit de mieux se connaître pour arriver, ensuite, à mieux le maîtriser. Et c’est exactement le propos de la psychothérapeute Katherine Morgan Schafler dans son livre Perfectionnistes. Elle y invite à regarder le perfectionnisme autrement: non pas comme un défaut à éliminer, mais comme une force à apprivoiser, notamment en apprenant à lâcher prise par moments. Car lâcher prise, ce n’est pas se désengager. C’est choisir consciemment où mettre son énergie. En relâchant le contrôle là où il est peu utile, on permet à la maîtrise de faire surface. Et, on libère de l’espace mental et émotionnel pour des actions qui rapportent davantage – pour soi, pour son équipe et pour les projets qui comptent vraiment.
Recadrer les pensées intrusives : Une manière de rompre le cycle de la rumination des échecs passés ou de toutes les peurs qui peuvent nous habiter au travail? L’effet de porte. Ce phénomène psychologique est utilisé par des sportif.ve.s de haut niveau pour apprivoiser leur peur de l’échec. Puisque notre cerveau efface certains éléments de notre mémoire à court terme dès que l’on change de pièce ou de lieu, on peut utiliser ce mécanisme pour recadrer nos pensées. Par exemple, si nous craignons d’échouer, on peut profiter de chaque changement de pièce pour se rappeler un succès passé ou une situation où nous avons bien navigué un défi. Cela permet de faire baisser notre anxiété de performance. Ingénieux, non?
Développer son intelligence émotionnelle : En développant sa capacité à reconnaître et à mieux gérer ses émotions, on peut apprendre à identifier les déclencheurs de notre perfectionnisme. Et remplacer la quête de perfection par une recherche d’excellence réaliste et durable. Pour soi, et pour son équipe. Un meilleur contact avec ses émotions permet aussi de cultiver davantage de bienveillance envers soi-même. De passer du discours interne “je dois être irréprochable” à “je fais de mon mieux avec les ressources que j’ai aujourd’hui”. Ce changement de perspective, répété dans le temps, allège la pression et redonne de l’espace à l’apprentissage et à la créativité.
Besoin d’aide? Je suis là pour vous!
C’est souvent en période de stress que l’on s’aperçoit à quel point il importe de mieux se connaître. De connaître ses forces, certes. Mais aussi de réussir à tourner ses lacunes à son avantage. Par exemple, le perfectionnisme cache peut-être certains facteurs d’intelligence émotionnelle qui méritent d’être développés. Ou encore, vous ou votre équipe gagneriez à développer votre agilité émotionnelle afin de mieux communiquer vos attentes et vos besoins? Et ainsi, investir vos énergies aux bons endroits. Alors, pourquoi ne pas vous engager à développer certains facteurs de votre intelligence émotionnelle avec ma formation intelligence émotionnelle et leadership?